Le mot de la présidente
» Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours été émerveillée par la nature, les végétaux et les animaux. Je suis encore fascinée par les relations que nous pouvons entretenir avec elle et à quel point les animaux sont sensibles à la complicité qu’ils peuvent tisser avec l’être humain.
Or, je constate l’appauvrissement de cette relation au sein de la société depuis mon enfance : la nature est devenue une ressource monnayable, un vaste trésor dans lequel nous puisons sans mesure, sans discernement, et sans empathie.
L’être humain en veut toujours plus… Pourquoi ? Scientifiques et économistes[1] s’interrogent sur cette course folle : plus d’un tiers de ce que nous prélevons en nourriture n’est pas utilisé et la Terre n’est plus en capacité de renouveler l’entièreté de ces prélèvements.
Regardons ensemble l’exemple du saumon : lorsque j’étais enfant, nous mangions du saumon pour les fêtes de fin d’année. Il était sauvage, fumé, de qualité. Il était un met d’exception et nous l’appréciions comme tel. Aujourd’hui, il y a du saumon partout, tout le temps, à toutes les sauces… Il est appelé « Or rose ». Suite à l’effondrement des populations sauvages, de nombreuses fermes d’aquaculture produisent cet or au détriment du bien-être de ces poissons migrateurs : bourrés aux antibiotiques, trop gras car ne pouvant plus nager et surtout blessés car en trop grande promiscuité avec ces congénères !! Le tout avec des conséquences catastrophiques pour les écosystèmes environnants.
Y a-t-il une vraie plus value ? Globalement, il s’agit plutôt d’un désastre écologique sur lequel repose l’enrichissement personnel de quelques-uns… De mon côté, je ne mange plus de saumon en espérant participer à la régénération des populations sauvages…
Et la problématique du saumon se généralise : cette semaine encore, un article affichait fièrement : « La chine met en service la plus grosse porcherie au monde dans une ferme verticale de 26 étages »[2].
À mes 10 ans déjà, je ressentais que le modèle développé actuellement par nos sociétés ne peut tenir pas la route sur le long terme écologiquement parlant. Les alertes lancées par l’IPBES, le GIEC tout récemment ainsi que les ONG n’ont fait que confirmer dans le temps cette intuition.
Les services rendus naturellement par la biodiversité à l’être humain, appelés services écosystémiques*, sont essentiels à notre survie. Ils sont aujourd’hui en danger de par la pression trop importante que nos sociétés imposent à la biodiversité. Il est fondamental et urgent de réagir face à ces alertes et reconsidérer nos priorités dans les modèles de développement de nos sociétés.
De plus, les citoyens, notamment en Europe, réclament un changement de paradigme en termes de qualité de vie, de bien-vivre ensemble, de gestion de l’accélération du temps, imposée par le progrès et notre course folle au toujours plus, de perte de sens, etc.
Pour moi, ces interrogations rejoignent la thématique de la biodiversité. Avec les avancées en termes de législations, les collectivités s’emparent peu à peu de cette thématique, les particuliers peuvent agir individuellement. Les acteurs économiques sont quant à eux dépourvus d’outils afin de repenser et transformer leur modèle d’affaires pour intégrer les enjeux liés à la biodiversité. Aussi est-il essentiel de créer et développer le projet PURE qui se positionne comme un outil de réflexion et de structuration d’actions pertinentes, adaptées et coordonnées en faveur de la biodiversité sur le Pays de Lorient. «
[1] https://etatdurgence.ch/blog/articles/le-mythe-de-la-croissance-verte-a-de-beaux-jours-devant-lui/ (dernière modification le 25/01/2022)
[2] https://www.europe1.fr/international/chine-26-etages-650000-cochons-bienvenue-dans-la-plus-grande-porcherie-du-monde-4166600 (dernière modification le13/02/2023)
Myriam LIENHARDT